
Les grandes nations, dont la politique extérieure ne cache aucune arrière-pensée, entendent garder leur rang, par la paix ou par la guerre, ne souffrant d'être jouées ou humiliées. Il faut que chacun sache où sont ses amis & ses ennemis, sans tenir un compte trop naïf des fictions diplomatiques ou des illusions officielles. Des alliances connues ou secrètes ont été signées. Dans ces situations, l'indifférence confinerait à l'ingratitude ou à la duperie. Mais dans les deux cas, les révélations publiques deviennent dévastatrices, comme l'a vécu la France en n'honorant pas sa parole donnée à la Russie, nous l'avons constaté. Depuis, d'autres pays jouent à un jeu dangereux & doivent comprendre qu'ils marchent sur des oeufs.
- Les coups républicains font mouche -

Les événements se pressent, la France entière est debout pour repousser toutes les attaques & dans l'Hexagone frémissant, on s'apprête à vaincre ou à périr. Surtout à vaincre. Car, depuis le front pyrénéen le plus proche, les nouvelles vont toutes dans la même direction : les forces espagnoles, pourtant soutenues par les Etats-Unis & les Pays-Bas, sont incapables de résister à la charge française. A Barcelone, les armées du Roi Alphonse XII livrent un baroud d'honneur, mais sont écrasées. A Bilbao, les Français stoppent l'offensive ibère, anéantissent tous les espoirs ennemis, puis lancent hardiment leurs forces vers Madrid. Au passage, Saragosse est occupée, puis vient le tour d'Alicante. Quatre consortiums sont neutralisés ! C'est la déroute totale pour les Espagnols, qui subissent tout le poids de la guerre, soudain.
- Madrid sauvée par les Américains -

L'effondrement espagnol est tel, qu'à Madrid, ce sont les Américains qui doivent bander les muscles, afin de sauver le royaume. Car, du côté français, le général Jean-Baptiste Billot, commandant les armées d'invasion, est rejoint par le général Gaston de Gallifet, menant une seconde colonne. Ces deux-là ont décidé de porter leur attaque sur la caserne du Cuerta de la Montana, dernière place forte que les Français croient aux mains des Espagnols. Or, même là, il n'y a pas de garnison, plus un soldat ibère à l'horizon. Il ne reste que les survivants de la Garde d'Alphonse XII en déroute vers Valladolid & le reliquat de la première armée, qui n'a pu disputer le passage de l'Ebre. Les deux corps d'armée des Etats-Unis se mettent en position pour briser l'ultime assaut français. Les bombardements commencent. Trois mille obus tombent chaque jour sur la caserne & le quartier Nord de la ville, pulvérisant des centaines de maisons. Très vite les conditions sanitaires se dégradent considérablement pour la population civile. Et très vite, les Américains, malgré leurs beaux uniformes, sentent qu'ils ne feront pas le poids !
- Nouveau front dans l'Est de la France -

Mais la France n'est pas invincible. Surtout lorsqu'elle se laisse surprendre par l'attaque allemande en Lorraine. Le pauvre huitième corps de Cavalerie est massacré par les trois armées du Kaiser qui ont forcé la frontière. Le Quartier Général français doit immédiatement prendre ce nouveau front en considération, car les belles victoires en Espagne deviendront inutiles si les Allemands parviennent à prendre Paris. Lors de cette grande offensive estivale, Nancy est prise, après l'écrasement de sa garnison, non sans mal pour les Allemands. Ces derniers sont plus durement accrochés encore à Besançon, incapables de prendre la citadelle de Vauban, la plus grande forteresse de France. La garnison, bien armée, ne cède pas & ravage les rangs ennemis. Son chef, le colonel Edmond d'Esclevin, devient un héros & envoie un câble à Paris : "les Teutons ne prendront pas Besançon."
- Coup double à Alger -

L'administration française des colonies a reçu le télégramme suivant : "Dans la nuit du 14 juillet, date symbolique, un groupe d'indigènes a brûlé plusieurs villages près d'Alger". Ces bandes hostiles font la chasse aux colons français depuis que l'Algérie est en voie de se prononcer pour un divorce définitif avec la République. Le Cheikh Bouamama, un puissant chef de guerre des régions sahariennes, se voyait déjà entrer en triomphateur à Alger, pendre le Résident général & proclamer l'indépendance du pays. C'était sans compter sur les impétueux Hollandais - qui viennent de surcroît de déclarer la guerre à l'Italie ! - qui ont décidé de débarquer leurs troupes en Algérie, avant qu'elle ne soit officiellement indépendante. Cette manoeuvre, d'une impatience coupable, change radicalement le destin de l'Algérie. La colonie est envahie par la troisième armée néerlandaise, qui devait attaquer originellement dans la région de Marseille, mais qui est détournée pour une opération dans les environs d'Alger. Les soldats, vomissant leur rollmops, arrivent en vue de la ville blanche & tentent de faire bonne figure devant les indigènes. A Paris, une ultime dépêche annonce que "le général Frederik Willem Borel a été envoyé sur place pour empêcher la France d'intervenir pour éteindre la révolte. Le Cheikh Bouamama a fait hisser sa bannière au sommet du minaret de Djammaâ El Kebir, la plus ancienne mosquée qui domine la casbah". L'Algérie est de fait une nation désormais indépendante. Les paris sont ouverts, quant à la viabilité de cette situation...
- Les Allemands bloqués à Turin -

L'interruption des lignes télégraphiques avec Turin & Milan avait fait croire que les Allemands étaient sur ces deux points. Pourtant, les Italiens parviennent à rendre fou leur adversaire, inébranlables un jour, en grand mouvement le lendemain. Ainsi, le général Vittorio Dabormida annonce avoir défendu Turin de haute lutte, pendant que les troupes de montagne réalisaient un crochet pour venir prendre l'assaillant de flanc. Les pertes sont apocalyptiques des deux côtés, mais Turin reste italienne. De même, à Milan, a-t-on assisté à une bataille de tranchées, sans pitié & sans idée de recul de part & d'autre. Les Italiens ont tout tenté pour reprendre le contrôle de la grande cité lombarde, mais n'y parviennent point. A ce sujet, nous apprenons que le général Otto von Strubberg a donné sa vie en haranguant la troupe (principalement de l'infanterie rhénane dans ce secteur), tant les échanges d'artillerie ont été intenses & violents.
- Les Russes cognent dur -

Dans les agrestes collines de Berici, s'élève une vieille ville pittoresque, qui était très heureuse de se montrer aux voyageurs étrangers qui lui faisaient l'honneur d'une visite. On ne pouvait guère faire plus aimable en Italie, destination prisée par les gens fortunés depuis des siècles. Mais, depuis la guerre, cette cité espérait ne plus être mentionnée & surtout ne pas être indiquée sur les itinéraires de voyage des Russes. Cette ville curieuse, c'est Vicence, ville d'art & patrie de Palladio, qui se dresse sur les premières collines champêtres des Préalpes & où se rejoignent trois cours d'eau. Ce sont ces vals que les Russes ont suivi pour lancer leur offensive d'été en direction de Venise. Trois armées marchent, soutenues par deux corps légers, qui sont engagés dans les combats, contre des Italiens qui comptent un nombre de divisions exactement similaire. Les combats y sont aussitôt épouvantables, car les Italiens ne comptent pas céder un pouce de terrain dans ce secteur. Les pertes sont tout aussi lourdes, mais aucun commandement n'est éliminé.
- Débarquement britannique en Italie -

Le front en Italie ne bouge donc que très peu, on vient de le lire, mais il apparait tout-à-coup chamboulé lorsque le monde découvre l'acte suivant, exclusivement écrit par les Anglais. A la surprise générale, le Duc d'Edimbourg, a fait progresser le Mediterranean Squadron jusqu'aux côtes de l'Italie & y déploie aujourd'hui ses troupes terrestres à l'embouchure du Tibre. Après une bataille navale, chaudement remportée par la Royal Navy, les forces britanniques de débarquement font feu de toutes pièces pour s'ouvrir la route de Rome. Mais, alors que les Italiens se battent averc une haine sacrée sur les contreforts des Alpes pour sauvegarder les grandes villes du Nord, ils apparaissent mal organisés & étrangement mous lors de la défense de la capitale. Rome est prise, les Grenadiers du Roi décrochent & se replient jusque Milan. Cela signifie que si les forces britanniques conservent le contrôle de Rome la saison prochaine, l'Italie doit capituler. La guerre contre le Roi Umberto serait définitivement close.
- Les Russes frappent partout -

En Islande, un front secondaire avait retenu notre attention, car les Italiens y avaient subi une terrible défaite navale contre la marine américaine, mais avaient remporté une victoire retentissante en refoulant l'envahisseur russe. Le Tsar ne veut pas commettre deux fois la même erreur & envoie des forces supérieures, afin d'annihiler l'opiniâtre résistance italienne. Cette fois, avec l'intervention décisive d'une puissante armée, Reykjavik est prise. En Méditerranée, la flotte russe du contre-amiral Zinovi Rojestvenski joue la même partition, en débarquant une armée à Benghazi, que les Italiens ont toujours jalousement gardée. Le grand port, chef-lieu de la Libye, est aussitôt occupé.
- La prudence du Sultan -

Les canaux diplomatiques & les journaux internationaux se relaient sans discontinuité, car l'information est une surprise. A Constantinople, le Sultan Abdul Hamid II, un abstinent dévot qui ne boit jamais de vin & qui ne fait jamais rien comme les autres, a prononcé un vibrant discours à propos de l'Empire Ottoman qui, malgré la déclaration française contre l'allié notoire des Turcs, décide de ne pas entrer dans la danse mortelle de la guerre. Il semble que le gouvernement de Sa Majesté Victoria ait expressément déconseillé au Sultan d'intervenir, dans un conflit qui devient global & peut-être sans lendemain. Le Grand Vizir publie dans la presse ces mots : "Monsieur Sadi Carnot s'est torturé inutilement, cherchant en vain un prétexte pour nous arracher à notre calme imperturbable". La Porte montre ainsi au monde comment garder un espoir de paix & donne une véritable leçon de sang-froid aux Français, qui croyaient pouvoir en finir avec une apocalypse générale. En cela, l'Empire Ottoman ne fait que concrétiser, ce que les actes anglais, mais aussi russes, prouvent de la non volonté de ces gouvernants à se battre contre la France. Aucune opération n'a été relevée de la part de ces puissances contre la République.
- L'avenir de l'Amérique Centrale -

Les récentes conquêtes anglaises en Amérique Centrale irritent au plus haut point les Congressmen américains, qui demandent à Londres des explications sur ces agissements surprenants. Le Président Cleveland s’exprime lors d’une visite à Richmond, ancienne capitale des États confédérés : "Vos conquêtes (en Amérique Centrale) mettent en péril les relations entre nos deux puissances & nuisent à la bonne coordination qui nous unit contre le royaume d’Italie. Les Etats-Unis demandent donc à l’Impératrice Victoria de clarifier ses positions & de cesser ses conquêtes dans des zones où aucune puissance européenne n’a à intervenir. Nous déconseillons sérieusement à l’Angleterre de vouloir prendre possession du canal de Panama. Nous saurons prendre les mesures adéquates si Londres venait à vouloir s’immiscer dans les intérêts américains de la région. Ceci sera notre seul & unique avertissement".
A cela, les Britanniques répondent en mettant le feu aux poudres. Sir Francis Grenfell, commandant du corps des Fusiliers gallois, est effectivement entré à Managua, la capitale du Nicaragua. Le Président Roberto Sacasa s'est enfuit & l'armée nationale met tôt bas les armes. L'Union Jack flotte crânement sur le palais présidentiel, qui domine le lac Xolotlan &, dans les bureaux des ambassades, on essaie d'y voir plus clair. Si les Britanniques s'imposent ici, c'est qu'ils ne souhaitent pas aller là, c'est-à-dire vers le point cardinal opposé, qui indique le Panama. Notons qu'à Londres, dans le milieu des affaires, on se pose des questions, car le Nicaragua était un client économique du Royaume Uni.
- Asphyxie du domaine colonial français -

Dans l'orage de la guerre, la France métropolitaine demeure très solide. Cependant, au-delà des mers, il en est tout autrement, puisque toutes les colonies sont pratiquement désormais occupées. En effet, après l'effondrement militaire français du printemps, l'assaut final était attendu sur Bangkok. Mais tout change, lorsque les Japonais laissent les Chinois s'occuper de tout, tout seuls. Sous un ciel apparemment paisible, les soldats nippons sont, en effet revenus de la campagne d'Indochine dans leur archipel & défilent devant la tribune impériale, à Tokyo. Une clameur résonne comme un coup de tonnerre & ces hommes, après de vives célébrations, apprennent qu'ils peuvent rentrer dans leur village. Ces héros de la première heure sont rendus à leur famille, ce, pendant que la jeunesse de la classe suivante doit à son tour prouver son ardeur sur le terrain. Et ce terrain, c'est toujours l'empire colonial français, en plein sous la mousson équatoriale de l'été, c'est-à-dire dans une atmosphère d'humidité épuisante. Et, même si la mousson n'est pas la même qu'en Inde, la chaleur moite est oppressante, les pluies diluviennes ralentissent les déplacements. Les Japonais étant absents, les amiraux chinois restent toutefois confiants & décident de lancer l'offensive. Seuls contre les durs de durs de l'armée française - les Japonais sont absents & les Hollandais sont incompréhensiblement passifs - les soldats chinois doivent s'y prendre à plusieurs reprises. Le siège de la forteresse de Bangkok dure d'ailleurs trois mois, pendant lesquels l'armée chinoise s'efforce de pilonner les défenses, puis de les attaquer frontalement par des vagues continues de courageux fantassins. Les navires de l'escadre impériale participent aussi aux combats, mais sont obligés de se mettre à l'abri, lorsque les Français ripostent & envoient une pirogue remplie d'explosifs pour tenter d'en couler le plus possible. A la fin de l'été, Bangkok tient toujours ! Maigre consolation, les Chinois occupent les lointaines îles françaises de Madagascar & de la Réunion, dans l'Océan Indien.
- Avenir du domaine colonial français -

Les esprits les plus retords se sont concertés en Extrême-Orient, afin de discuter de l'avenir des colonies françaises. La palme revient aux conclusions des Chinois & des Japonais, qui ont bien ri & complètement déliré autour d'une table bien garnie, dans l'idée de contourner les règles les plus élémentaires de souveraineté nationale. Ainsi, l'Impératrice T'seu-Hi & l'Empereur Mutsu-Hito n'ont rien trouvé de mieux qu'un pis-aller illusoire pour ne pas attendre la signature d'un traité de paix & voir les colonies de la République devenir indépendantes... pour ensuite les conquérir, assurément. Si les Pays-Bas ont parfaitement joué le coup en Algérie, le cas en Asie du Sud-Est est radicalement différent, puisque deux puissances en guerre occupent les grandes villes. Sans traité de paix, ces villes restent françaises. Pékin & Tokyo n'ont pas à décider quoi que ce soit, sans avoir la signature de la France.
- Dernières prétentions coloniales -

Unifiés par les Voortrekkers dans une république boer indépendante depuis 1856, les provinces du Transvaal ont subi de multiples turpitudes. Il a fallu se battre contre les indigènes, puis contre les Italiens & maintenant contre les Britanniques. De fait, la nouvelle a demandé confirmation, parce qu'elle est en rupture avec la politique de Londres, depuis le ministère de Sir William Gladstone. Depuis des années, il semblait même évident que les Anglais n'étaient guère enchantés de voir les Italiens lancer des raids contre les Boers & étaient de bons alliés. Or, voici que nous apprenons que le général Percy Fielding a engagé une armée, soutenue par le premier corps des Royal Marines du fameux général John McNeill, dans une opération de grande ampleur en direction de Johannesburg & de Pretoria.
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Les Autrichiens en campagne au Soudan sont en passe de reprendre la main. Les forces mahdistes se restreignent à défendre Khartoum, qui est la cible désignée de l'armée du général Heinrich Vonbank, un officier méthodique & sérieux. Le récit de cette campagne nous est rapporté par le prêtre catholique Joseph Ohrwalder, un missionnaire autrichien prisonnier des Derviches depuis près de dix ans, qui a réussi à s'échapper & à nous livrer de précieux renseignements. L'armée du Calife Abdallah ibn Muhammad semble avoir reçu une sévère correction, en aval de Khartoum. Pour cela, les Autrichiens n'ont pas hésité à braver le désert entre Suakin & Atbara, où ils ont rejoint le Nil. De là, les divisons de Vonbank ont longé le fleuve, admiré les pyramides de Méroé & attaqué les Derviches, près du village de Shendi. La bataille a été une effroyable boucherie, où l'artillerie autrichienne n'a pas fait de quartier. D'après les témoignages des soldats, les blessés soudanais sont abandonnés à leur sort. "Les milliers de Mahdistes blessés ou mourant sur le champ de bataille ne reçurent aucun soin des officiers impériaux, qui leur tournèrent le dos & s'en allèrent, exigeant des soldats de ne pas leur donner d'eau".
- Epilogue de l'affaire Polyakov -

La belle saison estivale a eu sa moisson de dénonciations, surtout dans la région reculée & mystérieuse des Balkans. Cette dernière a fait souvent parler d'elle, pour les tensions vécues entre Autrichiens, Russes & Ottomans, mais elle offre aujourd'hui une récolte que l'on croyait ne plus pouvoir possible. Ce sont les Italiens, qui ont longtemps cultivé le secret autour du plus célèbre des banquiers russes, qui en savent le plus dans cette affaire & ils ne résistent plus à balancer dans la presse les activités illicites du protégé du Tsar. Ainsi, Lazar Polyakov, que de nombreuses polices ont traqué sans relâche, qu'un maître-chanteur a trouvé, que les Russes ont libéré il y a quatre années déjà, est cette fois dénoncé & son trafic d'armes de contrebande est figé à jamais. La presse italienne se gausse d'avoir reçu en primeur ce renseignement. Et elle poursuit en expliquant que de nouveaux espions russes ont été arrêtés à Venise & immédiatement emprisonnés.
- Urbanisme & voies ferrées -

La ville de Toula est sortie de la grisaille. A deux cents kilomètres au Sud de Moscou, cette vieille ville est désormais citée en exemple pour s'être spectaculairement extirpée de l'âpre décor provincial. L'aménagement des berges de la rivière Oupa est un modèle pour les transports & la promenade. La métamorphose de la vénérable cité choyée par son kremlin & son entreprise d'armement se repère avec la mise en valeur des maisons patriciennes, la création d'un musée & l'élaboration de beaux parcs bordés de rues piétonnes & de restaurants.
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Les Belges qui oeuvrent dans l'Etat Libre du Congo, construisent un rail en pleine forêt vierge, de Lisala à Stanley Falls, puis jusque Lindi & enfin Nyanza. Ils font donc mieux que les Turcs & pourraient s'y associer pour réaliser la première ligne transcontinentale d'Afrique. Pendant ce temps, en Europe, les Allemands ont construit une voie ferrée de Munich à Trente.
- Viva Garcia & Viva Ahumada -

Au Mexique, le peuple rejoint en masse les rangs du gouverneur insoumis Daniel Traconis Garcia, aux cris de "Viva Garcia" ou "A muerte el Presidente". Armés de mitrailleuses Maxim 1891, toutes neuves, les révolutionnaires se permettent de repousser les troupes régulières, qui doivent se reformer & se renforcer, après un premier affrontement douloureux. La situation se complique, lorsque le Président Porfirio Diaz se retire du chaudron infernal en annonçant ce qu'il appelle son évasion. L'ambassadeur de France à Mexico, monsieur Albert-Henri Blanchard de Farges, est le seul qui nous confirme la nouvelle de la fuite du Président, qui aurait embarqué pour l'Europe. Aussitôt, le gouverneur de Chihuahua, Luis Terrazas, se déclare ami de la République & place ses pions dans l'ombre du sénateur Miguel Ahumada, promouvant son élection à la présidence. En conséquence, les révolutionnaires du Yucatan se retrouvent seuls à combattre, mais ils ont défaits les troupes envoyées par le gouvernement, entre Campeche & Merida. Notons que dans l'ombre du nouveau Président Ahumada, certains déclarent avoir aperçu des officiers russes en uniformes tsaristes.
- Anarchie & Dynamite -

A Tunis, le Bey Ali ben Hussein tient sa revanche. Chassé par les Italiens en été 1885, le voici derechef maître du pays. Le dernier fonctionnaire italien a été embarqué de force sur un vapeur à destination de l'Italie, pour signifier l'indépendance déclarée de la Tunisie. Après l'Algérie, voici l'information la plus importante, puisque un peuple retrouve sa liberté. (NDLR : ce qui ne s'était jamais vu dans un Empire !)
On signale de la Confédération helvétique un fait lugubrement curieux. Une instruction sur des attentats à la bombe s'est ouvert à Berne, depuis que l'armée allemande a dû se montrer plus sévère. Non loin de là, en France, des révolutionnaires agitent Brest & Lyon.
Aux Etats-Unis, la population gronde. La guerre avec tant d'adversaires lointains s'éternise & seule la défiance du Président Grover Cleveland impose à la jeunesse de se priver de travail ou d'étude. Cette jeunesse sous les drapeaux a hâte de pouvoir changer d'uniforme & il est temps que le gouvernement prenne cela en compte, d'autant que certaines déclarations - on pense notamment à la déclaration de guerre contre l'Autriche-Hongrie - apparaissent être des illuminations sans suite ! En conséquence, des émeutiers se sont réunis à Washington afin de dénoncer le sacrifice de la jeunesse américaine.
Le gouvernement de l'Impératrice douairière a sommé l'armée de régler le sort de ce qu'il appelle un ramassis de terroristes à Urumtsi. Mais, sans voie ferrée en Dzoungarie, les troupes impériales doivent réaliser le trajet à pied & n'arrivent évidemment pas dans les temps. La ville ne paie plus de taxes à Pékin & les opposants politiques s'agitent de plus en plus.
- Liste des Consortiums -

Monsieur Siegfried Böhler crée un nouveau consortium à Vienne, nommé Voestalpine AG. C'est un conglomérat d'ateliers qui travaille avec les mines de fer d'Erzberg de Styrie, au Sud de la capitale.
Sinon, soyez très attentifs aux usines occupées, lorsque vous allez réaliser vos prochains achats, car en Espagne, en France & en Italie, par exemple, on n'exporte plus certaines marchandises !
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Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse (ALLEMAGNE).
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, ROYAUME UNI, RUSSIE.
Mines : Australie, AUTRICHE, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal.
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, ROYAUME UNI, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI), RUSSIE.
Verrerie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
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Nous avons, chers lecteurs, en achetant pour notre sou cet opus de L'Illustration, un plaisir non partagé, que...