
Ce n'est point le moment de se livrer à des considérations lorsque le canon tonne. Mais l'honneur de nombreux pays est engagé &, quand certains ne comprennent que la force, d'autres tentent de négocier sans que l'on croit qu'ils soient peureux. Et même si les observateurs externes ne voient pas bien de quel côté est le bon droit, il est évident qu'aucune des parties engagées dans les conflits présents n'est complètement exempte de blâme dans sa manière d'agir. La résipiscence de la Grande Bretagne, c'est-à-dire la reconnaissance de sa faute & la volonté d'un retour au bien, est céans engagée.
- Le front sanglant d'Italie -

La guerre en Italie & les dernières opérations menées par les Britanniques à Rome ont ravivé les suspicions que les Américains n'ont jamais cessé d'avoir à l'égard de Londres. Pourtant, les Américains n'ont engagé aucune mesure pour frapper l'Italie en plein coeur, alors que Russes, les Allemands & les Britanniques se démènent vaillamment pour faire plier les deux genoux du Roi Umberto. Allons regarder les héroïques efforts de chacun. Sur le premier théâtre des opérations, en Lombardie & au Piémont, les Italiens font littéralement mordre la poussière aux troupes du Kaiser, qui s'effondrent ou reculent à peu près partout. Le cinq octobre, les Allemands ne peuvent plus tenir & doivent quitter la ville de Milan, acquise pourtant de haute lutte. La seconde armée en déroute est anéantie près de Monza. On s'attend dès le lendemain à une reprise furieuse de Turin & les Allemands ont juste le temps d'amener des troupes fraiches, que les soldats du Reich sont à nouveau à la peine. En quelques jours, le général Vittorio Dabormida déclare avoir éliminer deux autres commandements d'armées & repoussé toute prétention germanique dans le secteur.
- Dolce Vita à Venise -

Le front italien paraît infranchissable & la rumeur enfle à propos de la présence reposante du Roi Umberto à Venise, nullement inquiété par la fureur des combats ou par l'arrestation de quelques espions russes. Selon un historien slave, Umberto est un "homme incolore, physiquement peu impressionnant, d'une intelligence limitée", mais on le voit qu'il encourage ses troupes au bon moment & glane de magnifiques succès. D'abord, autour de la citadelle de Vérone, qui protège la vallée de l'Adige avec des canons de gros calibres, les Russes se sont cassés les dents. Du lac de Garde à la Mer Adriatique, un front immense & densément peuplé se fige. Les soldats d'infanterie s'enhardissent lorsqu'ils apprennent que leur mission est de percer, concurremment avec des compagnies de pionniers, les points importants du front de Vénétie. Mais rien n'y fait & ce sont même les Russes qui doivent déplorer un épuisement de leurs troupes & une usure inquiétante. Les Italiens se battent avec une énergie décuplée & font regretter à ceux qui osent fouler leur sol sacré leur présomption.
- Mais Rome capitule -

Pourtant, avec les Italiens, il ne faut jamais désespérer. C'est au moment où la guerre semble la plus incandescente, que la paix se conclut. C'est pourquoi, souhaitant une victoire rapide, les Anglais foncent vers Rome. Tel l'ouragan sur la grève, les Fusiliers de marine du ténébreux Duc d'Edimbourg délogent un par un les points de garnisons qui protègent Rome. L'armée britannique progresse, franchit le pont Garibaldi près de l'île tibérine, passe la place de Navona, contourne le Panthéon & entre dans le palais du Quirinal, l'un des plus vastes du monde. Sur place, le Duc d'Edimbourg, fils cadet de Sa Majesté Victoria, a l'incroyable surprise de constater que le Roi Umberto a laissé là, toute sa famille. La Reine Margherita & le Prince héritier Victor-Emmanuel sont faits prisonniers. Le lendemain, les Russes arrivent à leur tour, faisant défiler leurs soldats les plus grands devant le Colisée. Le royaume d'Italie capitule officiellement, la guerre est terminée. Les négociations peuvent aussitôt commencer & l'on se demande bien quelles vont être les exigences des alliés. Même Sa Sainteté, le Pape Léon XIII, s'intéresse particulièrement à l'affaire & tient à ce que la paix soit signée avec la plus nette humanité.
- Touché coulé en Méditerranée -

La marine italienne a eu fort à faire cette saison, puisqu'elle s'est retrouvée dans deux batailles navales de grande ampleur. D'abord au large de la Tunisie, où elle a rencontré deux escadres hollandaises, puis dans le golfe de Ligurie, où les flottes américaines ont osé attaquer le port de Gênes. Si la première opération ne donne pas de vainqueur, à Gênes, les Italiens déplorent la perte d'une escadre majeure. Protégés par les batteries portuaires, les navires italiens avaient un avantage, mais aussi un inconvénient, puisqu'ils étaient amarrés & immobiles. Les artilleurs américains ont réalisé un véritable tir aux pigeons.
- Crépuscule sur Madrid -

Trahis par l'optimisme angélique de la part des officiers espagnols & abandonné par l'armée américaine, le Roi Alphonse XII doit se résoudre à voir son royaume totalement rompu & occupé. Toutes les villes majeures sont prises & la capitale assiégée tombe comme un fruit mûr. Les quelques tentatives de renverser la situation se sont soldées par de cuisants échecs. La Furia francesa a tout emporté sur son passage & l'Espagne devra capituler sans condition si le reliquat des forces espagnoles ne parvient pas à reprendre Madrid cet hiver. Toutefois, on note un bémol lors des mouvements des troupes & surtout du ravitaillement, la chaine logistique étant maintes fois brisée par des guerilleros. Il n'empêche, la France vient de réaliser un exploit en mettant hors de combat l'un des membres de l'immense coalition qui voulait la dépecer.
- Contre-attaque à Besançon -

On mande de Berlin au journal Standard, à la date du 25 septembre : des avis de source sûre font prévoir que la guerre sera opiniâtre, car le parti de la paix lui-même a cessé de faire opposition aux hostilités & demande au contraire une action énergique contre le Reich. D'autre part, le bruit court que la France & l'Espagne seraient disposées à demander la médiation d'une puissance pour conclure un armistice. Sur le théâtre des opérations dans l'Est de la France, les armées allemandes se sont contentées de conserver leur maigre prise de l'été. La France se frotte les mains, en observant une fois encore, l'incroyable désordre qui règne dans les rangs adverses & le peu d'ambition des coalisés. En conséquence, le général Théophile Ferron, avec une admirable activité & une précision chronométrique, accomplit la manoeuvre qu'il avait conçue, à savoir la reprise de la citadelle de Besançon. Avec le corps d'élite de la Garde, il parvient à détruire la dixième armée, composée de Hessois.
En Allemagne, l'usine d'armement Mauser de Karlsruhe a subi des manoeuvres de sabotage. La police secrète du Kaiser a immédiatement arrêté les coupables, qui viennent d'Italie. Toutefois, le consortium est neutralisé pendant la saison prochaine.
- Surprise navale dans le Golfe de Guinée -

Des lettres écrites de Lagos & datées du 10 octobre, confirment que la flotte française a été entièrement détruite devant le littoral sablonneux de la Côte de l'Or, non point des oeuvres de la marine allemande présente dans le secteur, mais d'un ordre formel de Paris. Le contre-amiral Charles Eugène Galibert a été contraint de couler le dernier cuirassé de la flotte française, en le sabordant devant le port d'Accra. Le Charlemagne, fleuron de l'arsenal de Brest, sombre sans panache devant les yeux ébahis de ses trente-deux officiers & ses six-cents soixante matelots débarqués à terre & aussitôt arrêtés par les autorités espagnoles. Cet acte démontre à quel point le gouvernement français, si opiniâtre en métropole, est dépité & sans espoir au sujet des affaires coloniales.
- Le réduit de Bangkok -

Ainsi que nous l'avons fait pressentir, les Français savent qu'il ne leur reste que peu de temps à vivre dans le réduit colonial de Bangkok. Le Tsung-Li-Yamen - que l'on pourrait traduire par l'organisme chinois chargé de politique étrangère - tout en prévenant d'une victoire prochaine, proteste contre la mollesse de ses alliés dans l'offensive finale contre la dernière forteresse française en Asie du Sud-Est. Le général Chou-Shan-Ch'u a pressé ses renforts de l'Annam, pour lancer une seconde vague d'assaut. On sait de bonne source, que la résistance française a été opiniâtre, mais elle est aujourd'hui annihilée par l'effort submergeant de l'Empire du Milieu. Ce sont en effet les Chinois qui ont tout fait & tout réglé dans cette longue campagne, les Japonais étant désormais occupés à d'autres tâches & les Hollandais peu incisifs.
- L'astuce britannique -

Au Transvaal, les Boers partent pour reprendre position devant Pretoria, plein de confiance. Cette nouvelle vient sur la foi des déclarations du général Percy Fielding, lui qui se déclare n'être qu'un brin d'hysope dans la main du Tout-Puissant. Pourtant, un vif engagement coûte aux Boers beaucoup de blessés & de morts. Ceci, parce que les Britanniques les ont attiré dans un guet-apens, que le général Petrus Jacobus Joubert n'a pas perçu. Le bataillon de génie des Royal Marines a brisé au fulmi-coton la majeure partie des batteries d'artillerie de l'adversaire & la poursuite par la Cavalerie légère des Boers en déroute à achever le travail. Pretoria est prise. Le Transvaal devient colonie britannique.
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Parmi la chaleur accablante de l'automne soudanais, se glisse la brise purificatrice de l'armée autrichienne, menée par le Prince Heinrich Vonbank. Cet officier minutieux vient d'être anobli par l'Empereur François-Joseph pour son action rapide & décisive contre les Derviches. Khartoum est aujourd'hui sous le feu de son artillerie & devrait choir dès la prochaine saison.
A la suite d'hésitations & de tergiversations sans nombre, l'Autriche-Hongrie a décidé de lancer l'opération "Carthage". Pour cela, elle a envoyé deux escadres pour forcer le port de La Goulette, l'avant-rade bien connue de Tunis que voulait défendre la marine italienne. Deux armées, commandées par le Duc Wilhelm von Württemberg, un général d'infanterie connu pour son audace, se sont élancées à l'assaut du palais & de la citadelle du Bey. Tunis tombe & la Tunisie devient autrichienne.
De même, les Hollandais avaient trop bien positionné leurs forces, pour ne pas profiter cet automne de la situation. Les mitrailleuses ont tôt dispersé les troupes irrégulières kabyles & le Cheikh Bouamama a été capturé. L'Algérie passe sous pavillon néerlandais.
- Nouveau bras de fer -

Les Etats-Unis d'Amérique avaient l'occasion de se faire justice une fois pour toutes des calomnies britanniques. Tous les quotidiens se sont donc unis pour encourager le gouvernement à l'action. Aussi lit-on ceci à la une des journaux : "Il faut que les Américains agissent contre l'Angleterre avec énergie & rapidité, & emploient pour cela des moyens suffisants. A l'évidence, les Américains sont dans leur bon droit & doivent se montrer implacables". Mais comme souvent, le Président Cleveland s'en remet à ses chers amis pour la sale besogne. Aussi découvre-t-on de gigantesques rassemblements de navires de guerre, ainsi que d'inquiétantes manoeuvres navales vers les possessions britanniques. D'ailleurs, il serait imprudent de croire au désintéressement des puissances orientales dans le nouvel acte qui s'ouvre, comme il est sage de surveiller ce qu'il se passe, parfois très loin du Vieux Continent. Là, le rôle de l'Empereur Mutsu-Hito est tout tracé. Le Japon va droit sur son chemin, renforçant ses intérêts & faisant respecter son honneur. Toute la marine nipponne est mise à contribution pour venir menacer les colonies & les alliés économiques de la Grande Bretagne. Au même moment, comme si l'information avait fuité, toutes les escadres du Sultan, l'allié fidèle de la Reine Victoria, sont passées dans l'Océan Indien. La Royal Navy, qui n'a que deux escadres dans le secteur, ne semble nullement intimidée. Un nouveau conflit est-il sur le point d'éclater ?
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Le Président Cleveland s'énerve carrément & tourne la manivelle de la colère à pleine vitesse, puisqu'il envoie maintenant un ultimatum à Londres. Les diplomates américains rappellent expressément à leurs homologues britanniques que les Etats-Unis garantissent l’indépendance du Transvaal & que l’agression récente est tout simplement une déclaration de guerre ! Si le Transvaal est pris, cela mènera directement les Etats-Unis vers un conflit armé, que Londres le veuille ou non.
A cette menace, la Reine Victoria a demandé à son ambassade à Washington d'apaiser le Président Cleveland, en assurant que "le Royaume Uni n'est pas l'ennemi des Etats-Unis, qu'il ne désire nullement annexer le canal de Panama & ne souhaite pas s'éterniser en Amérique Centrale, où les brèves opérations militaires ne suivaient qu'une logique de recherches de trafics illicites".
- Scandale financier aux Pays-Bas -

Dans la ville d'Amsterdam, un grand émoi secoue les habitants, qui découvrent dans leurs journaux un immense scandale financier à propos de la gestion des affaires coloniales. Le premier ministre, Monsieur Gijsbert van Tienhoven, vient d'exiger l'arrestation du gouverneur du Suriname, la Guyane néerlandaise, qui est accusé d'avoir détourné plus de deux cents millions de Florins ! En cinq ans de service à Paramaribo, Hendrik Jan Smidt n'aurait, en effet, jamais reversé les revenus urbains de la colonie, grugeant la métropole d'un important appoint. Ce triste & cupide individu attend son jugement & risque le bagne à perpétuité. Il est remplacé par l'intègre Titus Anthony Jakob van Asch van Wijck.
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Une autre affaire enflamme les rédactions des journaux néerlandais, lorsque le nouveau quotidien amstellodamois De Telegraaf publie le résultat d'une longue enquête en Amérique du Sud, qui dénonce l'abject trafic d'armes de contrebandiers français. Cette contrebande ne profite désormais plus aux Français. Et, comme si l'on entendait un écho au-delà de l'Atlantique, les journaux américains relaient l'information au sujet d'un trafic d'opium en Extrême-Orient. Les bénéficiaires notoires de cette répugnante contrebande sont les Anglais qui, à partir d'aujourd'hui, ne reçoivent plus une livre sterling de ce négoce parallèle.
- La logique diplomatique -

Nous avons pu entendre le discours de Monsieur Cleveland, Président des Etats-Unis, à la tribune du Congrès & en résumant le contenu : "Malgré notre déclaration de guerre à l’Autriche & après avoir été vaincue par la Russie, il est invraisemblable que l’Autriche parvienne encore à refuser toute paix entre elle et les Etats-Unis ! L’Autriche ne répond à aucun message & fait la sourde oreille aux propositions américaines. Pour rappel, il n’y a pas eu un seul mort ni un seul coup de canon entre nos deux puissances. Nous exigeons de l’Arbitrage mondial que la paix soit déclarée entre nos deux nations, sans autre forme de procès." Il est vrai que la population américaine s'est déjà inquiétée de cette situation saugrenue & que l'on commence de plus en plus à tousser en haut lieu en Autriche-Hongrie. Il est urgent de résoudre ce conflit, qui apparait comme une honteuse manipulation gouvernementale, avec pour seul objectif de pouvoir conserver l'état de guerre & donc la mobilisation générale. Les règles internationales sont claires à ce sujet : chacun doit être conscient que les populations - de tous les pays du monde ! - n'aiment pas les guerres, surtout celles qui s'éternisent & qui sont coûteuses. Les mères, les soeurs & les épouses se lassent de tous ces hommes sous les drapeaux.
- Ponts, routes, rails & rades -

Les Belges & les Ottomans l'ont fait ! A peine l'idée était-elle dans l'air, que les ingénieurs ont relevé le défi : concrétiser la jonction entre les voies ferrées coloniales turques & le rail de l'Etat Indépendant du Congo, afin de réaliser la première ligne transcontinentale d'Afrique. Pour cela, le chemin de fer à tracé une ligne depuis Kampala jusque Nyanza, dans le pays des mille collines, où les voyageurs pourront admirer un véritable paradis peuplé d'une faune exceptionnelle, symbolisée par les immenses troupeaux d'éléphants. Le Grand Vizir a tenu à recevoir le Baron Edmond vanEetvelde & toute la délégation belge dans la remarquable ville de Kampala. Pendant que les ronds-de-cuir ripaillent, les ouvriers poursuivent la ligne de Nyanza à Usumbura & Baraka, au bord du lac Tanganyika.
En Extrême-Orient, les Japonais ont travaillé entre Moukden & Séoul pour réaliser une ligne ferroviaire. La ville de Moukden s'honore d'une seconde gare, lorsque les Chinois la relient à celle de Pékin. Et, enfin, est construite une troisième gare au Nord, pour accueillir la poste & les voyageurs de Vladivostok. Les Russes s'engagent aussi du côté européen, où ils placent des ballasts de Smolensk à Briansk, puis jusque Orel.
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L'émulation reprend entre les compagnies maritimes, puisque la société ottomane Beyaz Yildiz investit massivement pour embellir les débarcadères de Constantinople, d'où les paquebots à hautes cheminées partent principalement pour Zanzibar, Londres, Athènes & Djeddah.
La société japonaise ne souhaite point être concurrencée. Pour cela, elle met les bouchées doubles pour rester la première compagnie maritime du monde & place sur quille quatre nouveaux paquebots rapides & élégants.
- Urbanisme -

Que faire & visiter lorsque vous êtes un ressortissant belge ou un voyageur ottoman, citoyens honnêtes des seules nations en paix ? Profiter d'une coupe de champagne au balcon d'un palais petersbourgeois pour admirer les nuits blanches ? Découvrir les splendeurs de la Baie de Halong au Tonkin ? Admirer les oeuvres de Michel-Ange à Florence ? Aller voir la masse grandiose des pyramides au Caire ? Déguster un homard sur un boulevard parisien ? Que nenni ! Vous seriez immédiatement suspecté d'espionnage, arrêté ou pire, exécuté. Non, dans le monde, les voyages sont désormais compliqués & il est plus sûr de nos jours de se balader dans son pays, où les nouveaux quartiers aménagés sont en plein essor.
Les Japonais sont ceux qui ont le taux de natalité le plus important du monde. En conséquence, Kagoshima obtient le statut de ville majeure & se dote d'une municipalité. Cette ville est comparée depuis toujours par les voyageurs comme la Naples de l'Extrême-Orient, en raison de la proximité du cône volcanique imposant du Sakurajima qui domine sa baie.
Aux Etats-Unis, la démographie est gonflée par l'afflux de migrants, qui oblige le gouvernement à se pencher sur l'essor des logements. En conséquence, deux villes mineures deviennent de grandes cités. C'est, sur la Côte Est, Baltimore, & sur la Côte Ouest, Los Angeles. Toutes les deux sont déjà reliées par le rail intercontinental. La presse américaine se réjouit d'une si belle activité urbanistique & détaille le nombre de populations qui participent à cette épanouissement, parmi lesquelles on retrouve une foule de colons hollandais ayant fui l'Indonésie occupée, préférant le ciel lumineux de la Californie aux brumes sinistres d'Amsterdam.
Dans l'Empire Ottoman en pleine prospérité, on agrandit aussi les villes. Cette saison, c'est la sage Sivas au centre de l'Anatolie, qui devient majeure, grâce à son raccord au réseau ferré, à la proximité d'Ankara & aux substantiels crédits accordés par le Grand Vizir.
L'Etat Libre du Congo poursuit sa politique d'urbanisation &, dans le territoire du Rwanda récemment acquis, développe le petit bourg de Nyanza en belle ville, dotée de tous les équipement modernes.
Les Pays-Bas, eux, n'avaient plus connu de développement démographique depuis la guerre. Pourtant, voici que la ville d'Eindhoven profite enfin de l'attention de Sa Majesté Charles-Auguste & du redémarrage de l'usine Philips pour s'agrandir, s'assainir & s'embellir.
- Anarchistes & mécontents -

Au Japon, le fondateur du parti de la Liberté, publie trois articles dans le journal Jiyu Shimbun, dans lesquels il critique le militarisme et l’autocratie. Il réclame une politique étrangère purement défensive et la réduction du budget militaire. Aussitôt, ses partisans défilent dans Tokyo pour obtenir gain de cause. Cela dérange l'ordre nippon, qui doit rapidement être rétabli.
Dans les Indes britanniques. On ne sait si c'est le projet de loi à propos du "Age of Consent bill" au Conseil législatif impérial qui a tourneboulé les esprits - il s'agit d'interdire désormais les rapports sexuels entre époux, si la mariée n'a pas douze ans - mais la ville de Calcutta est en effervescence. Le Vice-Roi Henry Petty Fiztmaurice, mieux connu sous l'appellation de Lord Lansdowne, doit y envoyer l'armée.
Un vent général de contestation souffle sur la France, ce qui alimente de violents affrontements entre la police & les mécontents, à Lille, mais aussi à Rouen, Brest, Nantes & Lyon.
Les ouvriers qualifiés de l'usine Kristal Moser de Prague se mettent en grève, dénonçant l'incompétence du gouvernement allemand, qui ne trouve qu'une infime clientèle, pour une société qui tournait à plein régime sous administration autrichienne !
On annonce de différentes parties de l'empire colonial espagnol le renouvellement des désordres. Comme l'Espagne ne semble plus rien maîtriser, les révolutionnaires de l'île de Cuba profitent de la situation pour exiger une fois de plus l'indépendance. L'armée est attendue au plus vite à La Havane.
Au Mexique, la révolution se poursuit, mais nous n'avons que de rares informations. Merida est toujours aux mains des révolutionnaires & Mexico serait en effervescence suite à l'assassinat de deux généraux.
- Analyse économique -

Avant l'hiver, nous pouvons réaliser un compte-rendu de la santé des entreprises, sur les sept dernières années, car d'énormes changements sont advenus pour certains consortiums, lorsque d'autres n'ont jamais cessé de dominer leur secteur.
Pour l'alimentaire, depuis toujours, c'est la Chine, avec sa société Pu'er Tea qui vend le plus, chaque année.
Pour l'armement c'est tout le contraire. Alors que l'Autriche était le leader mondial avec la société Steyr-Mannlicher, c'est la Belgique qui est le plus gros exportateur actuel, depuis la Fabrique Nationale de Herstal.
Pour la Banque, c'est le règne éternel de la France, dont le Crédit Lyonnais est trimestriellement le consortium le plus demandé.
Pour les chantiers navals, le Japon domine les autres livreurs depuis l'arsenal de Yokosuka & ce, depuis le premier jour.
Pour les charbonnages, l'Allemagne est le plus grand exportateur au cumul des années, mais est actuellement très loin de sa production d'antan. Elle est maintenant dépassée par celle des Etats-Unis d'Amérique.
Pour la chimie, c'est l'Allemagne qui est sans contestation le producteur le plus demandé, avec la société la plus riche de toutes, Bayer.
Pour les gisements, c'est encore la Russie qui fournit le plus de clients, depuis le premier jour, avec le consortium Kbovilano Vorkuta.
Pour les machines, l'effondrement commercial de l'Italie profite aux Pays-Bas qui, avec Phillips, retrouve une fidèle clientèle. Notons que dans ce secteur, deux sociétés ont été construites (Autriche & Belgique) sans jamais exporter le moindre produit !
Pour les mines, c'est une fois de plus la Russie qui produit le plus à Serginsk. Mais, alors que les mines du Mexique se montraient être de beaux concurrents, elles n'ont plus eu la moindre commande depuis deux ans !
Pour le pétrole, c'est le scénario le plus renversant que l'on constate. Alors que les Pays-Bas étaient indispensables pour un nombre immense de clients qui faisaient confiance à Shell, c'est la Standard Oil des Etats-Unis qui a pris le leadership.
Pour la sidérurgie, l'Espagne & le Mexique, dont les forges étaient célèbres, se sont effacées pour laisser la place à la Belgique qui, avec Cockerill, s'est emparée de la plus grosse part du marché.
Pour le tabac, l'Espagne & le Japon qui se disputaient le premier rôle, se sont fait rouler par les doux cigares Fatima de l'Empire Ottoman.
Pour le textile, la compétition est la plus rude, puisque le Royaume Uni s'est fait dépasser par la France qui, elle-même, doit subir les lois du Japon, qui est devenu avec Bojagi le plus grand vendeur de tissu.
Pour la verrerie, la mauvaise santé de la France a plombé l'exportation de la cristallerie Baccarat, pour voir émerger la porcelaine impériale de Chine, qui devient un must des tables bourgeoises de nombreux pays.
- Liste des Consortiums -

L'Autriche-Hongrie a beau se faire discrète sur le plan politique, elle est en première ligne lorsque l'on regarde les récents investissements industriels. De fait, elle crée des consortiums à tour de bras & réalise cette saison un département de machines-outils. C'est à Pilsen, au Sud de Prague, que Monsieur Emil Skoda crée à partir d'une modeste fabrique, une immense usine de locomotives, de constructions mécaniques & de tuyauteries géantes.
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Alimentaire : Abyssinie (AUTRICHE), Argentine, BELGIQUE, Ceylan (ROYAUME UNI), CHINE, ESPAGNE, ITALIE, MEXIQUE, TURQUIE.
Armement : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, CHINE, ESPAGNE, FRANCE, ROYAUME UNI, RUSSIE, Suède.
Banque : AUTRICHE, BELGIQUE, FRANCE, JAPON, ROYAUME UNI, Suisse (ALLEMAGNE).
Chantier naval : BELGIQUE, ESPAGNE, Grèce, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Charbonnage : ALLEMAGNE, BELGIQUE, ETATS-UNIS, Mandchourie (CHINE), Mozambique (ITALIE).
Chimie : ALLEMAGNE, AUTRICHE, BELGIQUE, JAPON, Norvège, ROYAUME UNI.
Gisements : Brésil, Congo (BELGIQUE), Etats Malais (PAYS-BAS), Matebeleland (ROYAUME UNI), Nigeria (ALLEMAGNE), RUSSIE.
Machines outils : AUTRICHE, BELGIQUE, Danemark, ITALIE, JAPON, PAYS-BAS, ROYAUME UNI, RUSSIE.
Mines : Australie, AUTRICHE, Côte d'Or (ESPAGNE), Katanga (BELGIQUE), MEXIQUE, RUSSIE, Transvaal (ROYAUME UNI).
Pétrole : Azerbaïdjan (RUSSIE), BELGIQUE, Birmanie (PAYS-BAS), ETATS-UNIS, Roumanie, ROYAUME UNI, Sumatra (PAYS-BAS).
Sidérurgie : BELGIQUE, ESPAGNE, JAPON, MEXIQUE, ROYAUME UNI.
Tabac : Barbade (ROYAUME UNI), BELGIQUE, Cuba (ESPAGNE), JAPON, MEXIQUE, Nicaragua, TURQUIE.
Textile : BELGIQUE, Corée (JAPON), Egypte (TURQUIE), Gujarat (ROYAUME UNI), Maroc (FRANCE), Pendjab (ROYAUME UNI), RUSSIE.
Verrerie : ALLEMAGNE, BELGIQUE, Canada, CHINE, FRANCE, JAPON, Perse.
- DATE LIMITE DE L'HIVER 1891-1892 : VENDREDI 7 MARS -
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