SOUS LES AILES SILENCIEUSES DE LA PAIX

Nous avons, chers lecteurs, en achetant pour notre sou cet opus de L'Illustration, un plaisir non partagé, que nous goûtons avec surprise & quelque sentiment inversé. Bien sûr, nous ne sommes plus aux temps des Mille & une nuits, où un Sultan laissait vivre sa femme à la condition qu'elle pût l'amuser par des contes. Occupé à la première page du journal, l'éditorialiste ne doit point ignorer ce qui se trame & doit s'apprêter à observer les tableaux à bonne distance. Mais lorsque le coeur n'y est plus, il faut mettre un terme au calvaire de certains. Voici donc le dernier tour de cette époque passionnante, mais grandement tourmentée.

- Pourparlers de paix - 

D'après des renseignements particuliers que nous croyons exacts, mais que nous donnons sous toutes réserves, les plénipotentiaires italiens, britanniques & russes n'étaient point alignés & bien loin de trouver les meilleures dispositions à la paix. Après avoir "étonné le monde par leur résistance", selon la formule de Francesco Crispi, Président du Conseil des ministres démissionnaire, les Italiens défaits par la coalition de six nations ont officiellement capitulé. Rome est occupée, tous les combats s'arrêtent. L'Italie accepte son sort & cherche maintenant à adoucir les peines qui pleuvent sur elle. Si l'Angleterre explique comprendre ce moment douloureux, la Russie est déterminée à faire payer la nation qui lui apparaît comme la coupable désignée des troubles en Europe qui ont mené tant de puissances dans la guerre. La Sicile, la Sardaigne, l'Islande & toutes les colonies africaines doivent être cédées. Les Etats-Unis, les Pays-Bas, l'Allemagne & la Chine n'ont pas lâché le moindre commentaire. 

- L'Espagne dans les cordes - 

Le Roi Alphonse XII a eu la désagréable obligation de venir signer une capitulation déshonorante, puisque Madrid était occupée une seconde saison, sans avoir la moindre chance d'être libérée. Le constat de cette défaite humiliante est terrible. Croyant profiter d'une écrasante coalition contre la République, l'Espagne s'est fourvoyée car, pour entrer dans un poulailler, il fallait se montrer renard. C'est tout l'inverse qui s'est produit, avec l'armée française qui s'est chargée de foudroyer les misérables régiments espagnols. L'Allemagne, qui n'a pas une armée assez solide, & les Pays-Bas qui ne valent guère mieux sur le terrain, doivent envisager à leur tour des pourparlers de paix.

- Opération Wahrheit (Vérité) - 

Il y a au plus profond de l'ombre des sales affaires rencontrées ces dernières années, un événement qui reste majeur & non expliqué : l'assassinat du Prince Rodolphe de Habsbourg à Mayerling. Dans cette enquête, les pistes ont été multiples & variées. Si les affaires secrètes des Allemands prennent une tournure plus favorable aujourd'hui, c'est en raison des crédits substantiels accordés depuis des mois par le Kaiser Guillaume II. Après un début confus, dont la politique du Reich garantissait un laisser-faire, l'administration allemande est maintenant des plus performantes & les investigations pour dénouer les fils retords de l'affaire Mayerling & des agents italiens éliminés à Hambourg se mettent en place. Le Comte Georg Konstanz von Heineccius, empêché de la conduite des opérations depuis qu'il est en quarantaine dans un lazaret de Brême, a laissé ses agents enquêter avec bonheur. L'Allemagne signale donc ouvertement avoir découvert que des agents autrichiens, hollandais, italiens & turcs avaient poursuivi les assassins du Prince Rodolphe en Suisse & ont ensuite trouvé l'endroit d'embarquement. Les Italiens, au plus près de la vérité, ont été abattus dans le port de Hambourg, d'où les responsables ont pris un paquebot, soit disant pour Saint-Pétersbourg. Cette piste était un faux grossier, uniquement créé pour leurrer & fâcher les Autrichiens & les Russes pour les entrainer dans une guerre. En fait, il semble maintenant certains que les agents se sont enfuis aux Etats-Unis d'Amérique.

- Carnets coloniaux -

Le Wiener Allgemeine Zeitung publie la dépêche suivante de Khartoum. Le Prince Vonbank est de retour de sa mission sur le Nil, d'où les Cheiks & les tribus, dont il avait auparavant constaté l'hostilité, ont manifesté cette fois des dispositions plus amicales. Les Cheiks rapportent même que le Mahdi est en fuite dans le Kordofan & aurait adressé des instructions pour ne plus s'accrocher à Khartoum. Les quelques principicules des villages soudanais ne peuvent plus s'opposer aux troupes redoutées du général Vonbank, depuis que l'armée derviche a été écrasée. En conséquence, le Soudan devient une colonie de l'empire d'Autriche-Hongrie. Ce résultat est important & démontre que l'Autriche-Hongrie, battue dans sa guerre contre la Russie, a réussi à se donner de nouveaux espoirs.

- Dernières inquiétudes -

Le Standard donne des détails sur les événements de La Havane. Une révolte sérieuse s'est produite à la prison de la forteresse de la Cabana. Elle a été l'oeuvre des détenus qui, après avoir été mis en liberté par la populace, lors des révoltes de l'automne se sont dispersés dans toute l'île. José Marti Perez, qui a fondé le parti révolutionnaire cubain, lors de son exil aux Etats-Unis, demande au Président Grover Cleveland, de ne pas intervenir en faveur des Espagnols.

Dans l'Etat Indépendant du Congo, le commandant Emile Storms a reçu du Baron vanEetvelde l'ordre de mettre en marche les troupes de la Société antiesclavagiste belge pour contrer les méfaits du marchand arabo-swahili Mohammed bin Hassan Rumaliza, dans la région de Stanley Falls. 

Une épidémie de choléra se propage en Vénétie, certainement à cause de la concentration exceptionnelle de troupes russes & italiennes, dans des conditions sanitaires épouvantables. La ville de Venise est mise sous quarantaine & l'armée doit y interdire toute entrée ou sortie.

En Autriche-Hongrie, le gouvernement n'écoute pas ses peuples &, selon l'ambassadeur américain à Vienne, refuse de négocier une paix "afin de pouvoir indéfiniment maintenir haut son plafond militaire". Cette situation devient insupportable pour les familles autrichiennes & hongroises, qui demandent aux députés de la Chambre de faire céder le Comte Gustàv Kàlnoky von Köröspatak. La guerre sans combat contre les Etats-Unis doit prendre fin. Les hommes doivent enlever leur uniforme & rentrer chez eux.

- Les Jeux Olympiques -

Nous n'aurons pas l'occasion de vivre la renaissance de cette compétition internationale & c'est le Sultan Abdul Hamid II qui doit en être le plus triste. A Athènes, pourtant, les travaux pour le stade olympique s'achèvent & de nombreux comités y ont envoyé un courrier de confirmation quant à leur participation. Les Russes, par exemple, se sont entrainés pour être particulièrement compétitifs. Le Sultan, en ouvrant ces Olympiades, espérait ramener la paix dans le monde & dénoncer les agissements des quatre nations anti-européennes. Il n'est pourtant pas blanc comme neige, comme vous pourrez bientôt le découvrir.

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Le Japon, qui souhaitait vivement poursuivre l'aventure & faire mordre la poussière à la perfide Albion, se console en créant une dernière ville majeure à Okayama. Dans le même temps, les Chinois donnent le titre de cité à X'ian, prouvant que les puissances d'Extrême-Orient finissent la partie avec une pleine activité & en pleine possession de leurs moyens.

Les Européens poursuivent leur essor démographique. Les Autrichiens font de Massaoua une ville majeure. Léopold II, quant à lui, demande à ce que Coquilhatville au Congo puisse se développer. Enfin, la cité de Batavia, qui avait été conquise par les Japonais, a été rétrocédée aux Pays-Bas.

- Actions boursières -

La compagnie maritime ottomane vient de frapper un grand coup en mettant en service le paquebot Soliman le Magnifique, le plus grand navire du monde. Dépassant de dix mètres le fameux Great Eastern, le Soliman a été construit par le chantier naval John Brown, dans la Clyde, près de Glasgow. Il a été ensuite emmené à Smyrne, où les suites & la grande salle à manger ont reçu une décoration à nulle autre pareille. Sa mise en service marque le désir de la compagnie de concourir pour la vitesse, tout en proposant à ses passagers les installations les plus somptueuses & les plus confortables. 

Pour ce qui est du commerce, des changements radicaux indiquent clairement que les marchandises ottomanes & belges ne sont plus autant demandées. Ceci tend à prouver qu'une nation en paix n'est pas garante d'un pouvoir de séduction à l'exportation. Pour ce qui est des entreprises britanniques, mexicaines ou italiennes, le constat est encore plus dramatique, avec une absence totale de présence dans ces colonnes. Les grands patrons de l'économie, on doit les voir en Russie aux Etats-Unis & au Japon, pas ailleurs. Par contre, pour ce qui est des primes des actionnaires, elles se dispersent aux quatre vents, aussi bien chez de vieux investisseurs que chez les nouveaux venus sur le marché, comme la Chine, dont la Chambre des Mandarins rafle pour la première fois, la plus belle prime au sujet des importations.

- Classement des puissances -

Alourdie par le nombre de saisons jouées, la partie d'Empire XXIII doit prendre fin. Les défections dès le premiers tour n'ont jamais altéré la puissante envie du rédacteur en chef du journal - il faut avouer que c'est sa période préférée - mais il faut bien se rendre compte que d'énormes problèmes sont venus peser sur l'enthousiasme des participants. "Je suis inscrit à trop de parties, désolé"... "Je ne voulais pas jouer cette puissance, je m'ennuie"... "l'arbitre est ouvertement francophile, c'est honteux"... "Mon voisin ne répond pas à mes courriers, c'est décourageant"...  Bref, j'ai tout entendu, tout en constatant que cela existe depuis le premier Empire. Cinq remplacements, bien plus de réclamations & un abandon décisif au plus mauvais moment nous obligent à nous quitter. Mais pas sans que je vous dévoile quelques coups notoires :

1.  Guillaume Defontaine - Russie - 43 points : le Tsar est le vainqueur absolu de cette partie, avec une gestion du pays excellente & une diplomatie très présente. Il a réussi à contrôler les Asiatiques, tout en pesant sur l'Europe. Par contre, combien de fois a-t-il dû improviser pour tenir la barre, surtout lorsque les affaires secrètes, les révoltes & les assassinats pleuvaient autour de lui. De plus, la Russie a été le plus grand exportateur du monde, ce qui lui garantissait d'énormes revenus. Le Tsar a particulièrement bien posé les bases de sa victoire, en s'alliant discrètement avec les deux Orientaux, tout en gardant l'Allemagne & la Turquie dans sa poche.

2. Michaël Galvez Ollandini - Japon - 41 points : le Maître du Japon a joué à merveille avec l'économie, la diplomatie & surtout la patience. C'est lui qui a le plus bâti de villes majeures & c'est lui qui a organisé l'offensive sur les puissances coloniales européennes en Extrême-Orient. Sautillant de pays en pays comme une abeille passe de fleur en fleur, c'est encore lui qui a réussi à faire de la France une nation mise au ban de la diplomatie & à renverser quelques alliances, comme avec les Pays-Bas. Que se serait-il passé si la partie avait continué, sachant que l'Empereur voulait déclarer la guerre à la Grande Bretagne ?

3. Julien Viel - Grande Bretagne - 40 points : la Reine Victoria a finalement mené sa barque au travers de mille tempêtes, qui semblaient incessantes, autant dans sa vie privée que dans les couloirs des ambassades. Il est évident que les Britanniques n'ont pas eu le rôle attendu & se sont perdus dans de surprenantes opérations, interpellant autant les alliés que les adversaires. C'est pourtant cette nation qui avait le plus beau papier à lettres & les ordres les plus clairs. 

4. Gilles Lecuir - France - 39 points : le Président de la République est le joueur le plus singulier de la partie, avec un départ canon (trop ambitieux, même) qui lui a valu d'immenses inimitiés. A partir de la campagne d'Egypte, torpillée par l'intervention britannique (poussée par l'Allemagne & financée par l'Empire Ottoman), la France est devenue la mal-aimée du concert des nations. Pourtant, son entreprise de percement du canal de Panama & l'organisation de l'Exposition Universelle étaient des idées grandioses. Dans une guerre totale, son potentiel de combat, supérieur à tous les autres, lui a permis de faire douter pas mal de monde & dissuader les ennemis de marcher sur Paris.

5. Pierre Ruzinowski - Empire Ottoman - 38 points : le Sultan, deux fois remplacé, a été obligé de composer avec les conquêtes déjà réalisées par ses voisins. Pas du tout gênés par ce handicap, les Turcs ont patiemment organisé leur empire & misé sur la culture & surtout sur l'administration, obtenant rapidement les meilleurs services secrets du monde, en déboursant la somme astronomique de 1.350 millions. Oui, plus d'un milliard, c'est du jamais vu ! Un régal pour le maître du jeu, car le Sultan est à la base de l'émulation culturelle & de (presque) tous les coups bas les plus répugnants : enlèvement de personnages liés au trafic de contrebande, demande de rançon, soutien financier en Egypte envahie par la France, révolte dans les concessions chinoises, attentat sur l'Orient-Express, pirates en Mer de Chine, assassinat du Prince Rodolphe d'Autriche, soutien armé au Négus d'Ethiopie, assassinat des agents italiens en Allemagne, interception des espions hollandais en Grèce, etc. Avec tous leurs voisins en guerre, les Turcs ont pu s'occuper de tout ce qui les amusait & ne s'en sont pas privés.

6. Antoine vanEetvelde - Belgique - 36 points : voici l'autre grande surprise de la partie, avec un nom d'emprunt, maintenant levé. Jean Bruyère est l'avatar d'Antoine, qui souhaitait jouer anonymement... ce qui est une idée qui pourrait bien être reprise pour tous les joueurs inscrits dans une prochaine partie. Il a réussi à collectionner tous les consortiums & il est le seul à l'avoir fait.

7. Anthony Grolleau-Fricard - Allemagne - 33 points :  le Kaiser a connu un départ lent, voire laborieux, ce qui n'a toutefois pas plombé l'aura du Reich au centre du Vieux Continent. De saison en saison, l'Allemagne est devenue de plus en plus forte administrativement, avec le meilleur réseau ferré, mais avec l'armée initialement la plus faiblement équipée d'Europe. Il apparait qu'Anthony se soit montré bien sage dans cette partie.

8. Stéphane Novello - Etats-Unis - 32 points : le Président Cleveland a profité de sa situation géographique éloignée pour brouiller les autres puissances & principalement les Européens. Et il s'y est investi avec une jouissance étonnante. D'abord amis des Turcs, puis des Russes & enfin des Hollandais, les Américains n'ont pas hésité à saboter les entreprises coloniales des Espagnols, des Allemands, des Italiens en déchargeant des caisses d'armes un peu partout, & surtout au Transvaal. Ensuite, les Etats-Unis ont osé se fâcher avec l'Italie & la France, tout en déclarant la guerre à l'Autriche. Au final, les Américains ont perdu beaucoup d'énergie dans des disputes uniquement engagées pour l'honneur ou on ne sait quelle raison, sans développer, autant que d'autres, leur pays. 

9. Jean-François Hut - Autriche-Hongrie - 27 points : le pauvre François-Joseph a été la cible de la colère de nombreuses nations, alors qu'il n'était en rien coupable des faits reprochés. Mais JFH a été honnête, courageux, tenace & a affronté sans sourciller la coalition furieuse qui tentait d'abattre sa double monarchie. Combien de fois, le Tsar a-t-il pesté que ses armées ne passaient pas, pensant à tord que son coefficient de combat était supérieur. Là encore, les Turcs ont été diaboliques. Alors qu'il était le responsable de la guerre, le Sultan a largement financé l'effort de guerre autrichien, tout en signant une alliance secrète avec la Russie.

10. Ludovic Brenot - Chine - 22 points : l'Impératrice de Chine est souvent un rôle pondéré à jouer, dans un coin oublié du monde. Pourtant, dès le deuxième tour de jeu, l'Angleterre & les Pays-Bas lui déclarent la guerre, alors qu'elle est en pleine déroute militaire en Mandchourie & en Corée. Contre toute attente, les Chinois renversent totalement la situation, obtiennent une paix favorable avec les Anglais (roulés dans la farine par les Hollandais). La suite n'a été qu'un long fleuve tranquille.

11. Yves Vandersmissen - Pays-Bas - 21 points : comme pour l'Empire Ottoman, trois joueurs se sont succédés sur le trône d'Amsterdam, avec des politiques radicalement différentes. Voilà pourquoi les Pays-Bas ont connu un temps de gloire, lorsqu'ils s'installaient confortablement en Asie du Sud-Est, grâce à leurs services secrets fantastiques. Les Hollandais d'alors, étaient au courant de toutes les transactions obscures, étudiaient les lieux de contrebande, corrompaient à tour de bras, s'informaient sur le sabotage du canal de Panama. Leur dernier Roi, Charles-Auguste, aura été très différent, tout en étant un diplomate hors pair, qui aura réussi l'exploit de s'inviter en un seul tour de correspondance dans l'alliance sino-japonaise & ainsi inverser les rôles pour le pillage des colonies françaises. Mais l'homme n'était pas facile à suivre, puisqu'il entrait dans une alliance secrète avec la Grande Bretagne & la Turquie... qu'elle allait ennuyer en tentant de saboter les préparatifs des JO en Grèce. Comprenne qui pourra !

12. Pascal Crenier - Italie - 13 points : le Roi Umberto avait un rôle en or, mais s'est très vite montré impatient. Aussi a-t-il précipité son pays dans l'antichambre des bannis en agaçant pas mal de monde. Ne renouvelant pas ses alliances, alors qu'il venait d'encourager une révolte en Ecosse & piller des marchandises dans les navires espagnols, Umberto a été manipulé par le Sultan, sans s'en rendre compte. L'Italie, en étant incapable de demander une paix rapide, se voit contrainte de capituler & de tout perdre.

13. Benoît Streel - Mexique - 9 points : peu investi dans cette partie, maître Streel avait pourtant eu des idées inédites pour entamer cette partie, comme celle de commencer avec le coefficient de combat le plus nul, afin d'avoir de grandes ressources financières. Pour faire quoi ? Saboter le percement du canal de Panama, la seule action des Mexicains pendant toute la partie...

14. Hervé Marmier - Espagne - 0 point : le Roi d'Espagne aura commis l'erreur fatale de ne pas gérer sa diplomatie sur le long terme, alors qu'un premier tour de table semblait lui avoir donné des garanties. Oubliant de poursuivre sur cette bonne voie, les Espagnols n'ont pas vu le danger arriver. Ecrasée comme un insecte en Asie du Sud-Est par les puissances orientales, l'Espagne s'est vite retrouvée acculée, puis s'est sentie obligée de faire la guerre contre la France. Avec une armée aussi mal équipée, face à la force de frappe française, ce fut un désastre & une capitulation sèche.

- Conclusions & Critiques -

Empire XXIII est une partie que l'on peut classer dans les longues, avec son lot d'événements en tout genre, mais surtout beaucoup de guerres. Le maître du jeu a particulièrement apprécié l'atmosphère XIXe siècle, avec les références sociétales & culturelles, lors des premiers tours, avec l'essor du rail, les explorations, la conquête du Pôle Nord & les fouilles archéologiques, ainsi que la création de parcs & de bâtiments prestigieux. La course aux colonies a, évidemment, orienté les tensions inévitables qui allaient apparaître, surtout avec la politique française abusivement impérialiste. En trois saisons, la République avait conquis l'Algérie, le Maroc, l'Annam & le Tonkin, avec autant de villes majeures, & se permettait d'envahir l'Egypte. Pour pas mal de monde, ce fut le pas de trop ! 

Dans un second acte, c'était le Tsar qui s'enhardissait, en prenant toutes les villes importantes du Caucase & d'Asie Centrale mais, étonnamment, personne ne vint lui mettre des bâtons dans les roues. C'est à ce moment que commencèrent les rapts & les demandes de rançon, ainsi que le sabotage du creusement du canal de Panama & le bras de fer Etats-Unis vs Italie, au Transvaal, notamment. Le trafic de contrebande fut donc un bon ajout dans les règles. 

Le troisième acte commençait dans la concorde avec l'Exposition Universelle, lorsque survint le drame de Mayerling, qui allait envenimer les relations entre Russes & Autrichiens, & bientôt entrainer presque toutes les nations européennes dans la guerre. Ce qui a été vraiment bien fait, ce sont les montées en tension entre les puissances. On sentait de journaux en journaux que les affaires se durcissaient & que quelque chose allait arriver. Bravo aux souverains & aux diplomates qui ont si bien fait monter la pression. 

Les guerres, par contre, allaient prouver que le concepteur du jeu avait commis l'énorme erreur d'accorder des revenus gigantesques aux joueurs. Le nombre d'armées créées fut effrayant & ingérable, la mise des pions & leurs mouvements sur la carte un lourd fardeau qui prenait des heures & des heures de résolution.

Merci à tous ceux qui se sont investis à fond.

TABLEAU DE L'EVOLUTION DES COEFFICIENTS & DES DEPENSES DE 1885 A 1892 :

A bientôt, peut-être, pour de nouvelles aventures...